vendredi 4 juin 2010

Anecdote et réflexion sur celle-ci

Cette semaine, des élèves de 5-6ième année sont venus visiter le Centre de ressource, on m'a demandé de leur montrer le SMART Board. Puisqu'ils participaient dans un projet de recherche sur les mathématiques, j'ai choisi de leur faire résoudre un tangram (diverses figures planes qui une fois assemblées peuvent former un carré, parmi d'autres formes), parmi d'autres activités. Les trois élèves avaient de la difficulté (ce qui est normal) avec la résolution du tangram, au SMART Board. La coordonnatrice du Centre avait aussi sorti des tangrams en plastique et elle les a rendus disponibles aux élèves. Un des élèves a choisi d'aller travailler avec les artefacts physiques tandis que les 2 autres sont restés avec le SB. Or, ce fut l'élève pouvant manipuler les formes en plastique qui a résolu le tangram en premier. Est-ce parce que c'est plus facile avec les artefacts physiques qu'avec le SB ? Est-ce que l'élève qui a réussi avait une meilleure capacité de résolution de problème ?

Je ne connais pas la réponse et je ne peux pas tirer de conclusions scientifiques à la suite de cette observation, mais j'ai remarqué que les élèves ont eu un peu de difficulté à reproduire le tangram au SB. Est-ce par manque de familiarité avec le SB ou une déficience dans leur raisonnement abstrait ? L'utilisation d'un ordinateur afin de résoudre des problèmes demande une capacité d'abstraction assez grande. Si les élèves ne travaillent pas avec assez d'objets concrets, ils auront de la difficulté de faire abstraction des objets.

Un jour, un ingénieur me disait que les étudiants en génie qui comprenaient le mieux la matière étaient souvent des étudiants qui avaient travaillé de leurs mains (ayant travaillé à la ferme, avec un électricien, en électronique, etc.). Étant donné qu'ils ont manipulé différentes machines, ils sont maintenant capables de faire abstraction de ses machines et comprendre leur fonctionnement ainsi que comment les modifier ou les améliorer.

C'est un bel exemple du constructivisme, celui de l'étudiant-ingénieur. Étant donné qu'il possède des connaissances antérieures sur l'utilisation et le fonctionnement de diverses machines et divers procédés, il est capable de partir de ces connaissances et d'en construire des nouvelles tout en les liant aux anciennes. Sans cette connaissance pratique, il est possible qu'il ait plus de difficulté avec la théorie ou bien que les théories qu'il élabore ne puissent être appliquées en pratique.

Cette petite scène (celle avec les élèves) m'a toutefois fait réfléchir sur la pertinence d'utiliser un média électronique (plus abstrait par nature) au lieu d'un média réel lorsque les deux sont disponibles. Est-ce que les élèves de 5-6ième année ont une capacité d'abstraction assez avancée afin de résoudre des problèmes à l'ordinateur ou devraient-ils être apprendre à les résoudre de manière physique afin de développer leur capacité d'abstraction?

Lorsqu'on utilise un ordinateur quelconque (téléphone intelligent, ordi, calculatrice), on utilise une sorte de pensée magique. On entre des chiffres, on pose une question et l'on obtient une réponse sans voir le processus de création de celle-ci. Or, serait-il pertinent d'apprendre le processus de réponse avant d'utiliser l'ordinateur ? Devrait-on utiliser les ordinateurs comme simple moyen d'accélération de processus plutôt que de boite magique dans laquelle on entre des paramètres et une question et l'on obtient la réponse ? The medium is the message, comme l'écrivait Marshall McLuhan il y a 50 ans.

Il semble que dans ce cas-ci, l'ordinateur fait en sorte, avec ces réponses instantanées à toutes nos questions, qu'il court-circuite le processus de réflexion nécessaire à l'obtention des réponses. Est-ce que le fait d'utiliser un logiciel de traitement de texte qui rend simple la modification est bénéfique au développement du processus d'écriture? Est-ce que l'utilisation d'un logiciel de dessin vectoriel (tel Sketchup) permet de mieux comprendre la dimension et les rapports de grandeur qu'un dessin fait à la main ou d'un modèle?

1 commentaire:

  1. «C'est un bel exemple du constructivisme, celui de l'étudiant-ingénieur.»

    C'est un bel exemple de sophisme. L'aptitude de votre expérimenté peut s'expliquer autrement que par «le constructivisme».

    Les sciences cognitives, les études en intelligence artificielle, un modèle comportemental ou les essais de Montaigne permettraient d'expliquer ce à quoi, avouons-le, on s'attendait.

    Votre anecdote plaide bien plus pour un modèle explicatif de la transmission de la connaissance que par un modèle constructiviste.

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