Cette semaine, des élèves de 5-6ième année sont venus visiter le Centre de ressource, on m'a demandé de leur montrer le SMART Board. Puisqu'ils participaient dans un projet de recherche sur les mathématiques, j'ai choisi de leur faire résoudre un tangram (diverses figures planes qui une fois assemblées peuvent former un carré, parmi d'autres formes), parmi d'autres activités. Les trois élèves avaient de la difficulté (ce qui est normal) avec la résolution du tangram, au SMART Board. La coordonnatrice du Centre avait aussi sorti des tangrams en plastique et elle les a rendus disponibles aux élèves. Un des élèves a choisi d'aller travailler avec les artefacts physiques tandis que les 2 autres sont restés avec le SB. Or, ce fut l'élève pouvant manipuler les formes en plastique qui a résolu le tangram en premier. Est-ce parce que c'est plus facile avec les artefacts physiques qu'avec le SB ? Est-ce que l'élève qui a réussi avait une meilleure capacité de résolution de problème ?
Je ne connais pas la réponse et je ne peux pas tirer de conclusions scientifiques à la suite de cette observation, mais j'ai remarqué que les élèves ont eu un peu de difficulté à reproduire le tangram au SB. Est-ce par manque de familiarité avec le SB ou une déficience dans leur raisonnement abstrait ? L'utilisation d'un ordinateur afin de résoudre des problèmes demande une capacité d'abstraction assez grande. Si les élèves ne travaillent pas avec assez d'objets concrets, ils auront de la difficulté de faire abstraction des objets.
Un jour, un ingénieur me disait que les étudiants en génie qui comprenaient le mieux la matière étaient souvent des étudiants qui avaient travaillé de leurs mains (ayant travaillé à la ferme, avec un électricien, en électronique, etc.). Étant donné qu'ils ont manipulé différentes machines, ils sont maintenant capables de faire abstraction de ses machines et comprendre leur fonctionnement ainsi que comment les modifier ou les améliorer.
C'est un bel exemple du constructivisme, celui de l'étudiant-ingénieur. Étant donné qu'il possède des connaissances antérieures sur l'utilisation et le fonctionnement de diverses machines et divers procédés, il est capable de partir de ces connaissances et d'en construire des nouvelles tout en les liant aux anciennes. Sans cette connaissance pratique, il est possible qu'il ait plus de difficulté avec la théorie ou bien que les théories qu'il élabore ne puissent être appliquées en pratique.
Cette petite scène (celle avec les élèves) m'a toutefois fait réfléchir sur la pertinence d'utiliser un média électronique (plus abstrait par nature) au lieu d'un média réel lorsque les deux sont disponibles. Est-ce que les élèves de 5-6ième année ont une capacité d'abstraction assez avancée afin de résoudre des problèmes à l'ordinateur ou devraient-ils être apprendre à les résoudre de manière physique afin de développer leur capacité d'abstraction?
Lorsqu'on utilise un ordinateur quelconque (téléphone intelligent, ordi, calculatrice), on utilise une sorte de pensée magique. On entre des chiffres, on pose une question et l'on obtient une réponse sans voir le processus de création de celle-ci. Or, serait-il pertinent d'apprendre le processus de réponse avant d'utiliser l'ordinateur ? Devrait-on utiliser les ordinateurs comme simple moyen d'accélération de processus plutôt que de boite magique dans laquelle on entre des paramètres et une question et l'on obtient la réponse ? The medium is the message, comme l'écrivait Marshall McLuhan il y a 50 ans.
Il semble que dans ce cas-ci, l'ordinateur fait en sorte, avec ces réponses instantanées à toutes nos questions, qu'il court-circuite le processus de réflexion nécessaire à l'obtention des réponses. Est-ce que le fait d'utiliser un logiciel de traitement de texte qui rend simple la modification est bénéfique au développement du processus d'écriture? Est-ce que l'utilisation d'un logiciel de dessin vectoriel (tel Sketchup) permet de mieux comprendre la dimension et les rapports de grandeur qu'un dessin fait à la main ou d'un modèle?
vendredi 4 juin 2010
lundi 3 mai 2010
Amateurs vs professionnels
Je suis présentement en train de lire The Dumbest Generation Ever, de Mark Bauerlein (réflexion sur ce livre à venir). Cette lecture fait suite à celle de The Cult of the Amateur, de Andrew Keen. Deux excellents livres sur l'utilisation des multimédias par les jeunes, pas nécessairement l'utilisation pédagogique, mais l'utilisation générale. Keen fait le point que le Web 2.0, étant donné la facilité avec laquelle les utilisateurs peuvent créer du contenu, promeut l'amateur, du moins l'information créée par celui-ci, au profit de celle créée par l'expert. Je dois admettre qu'à mon avis, il n'a pas tout à fait tort. L'exemple le plus souvent cité dans le livre pour illustrer ce point est celui de Wikipédia. Lors de l'édition d'un article de Wikipédia, toutes les modifications sont traitées de manière égale, qu'elles soient faites par un élève du secondaire ou par une sommité. Bien que les modifications apportées par l'élève du secondaire peuvent être des plus pertinentes, il est intéressant de constater que son mot est aussi important que quelqu'un qui est reconnu comme étant un expert mondial en la matière (Keen présente un bon exemple dans son livre aux pages 42-43).
Cette égalité, qui est la pierre angulaire de Wikipédia (contrairement à Citizendium), ne devrait probablement pas être. À la limite, je considère que cette égalité peut être comparée à donner un poids égal à une recommandation d'un médecin et d'un voisin. Malgré que l'opinion de votre voisin peut-être réfléchi, et valable, celle du médecin est (on l'espère!) est fondé sur des années d'études du sujet en question. Or, il est important de faire la différence entre l'avis d'un novice et d'un expert. Cependant, il est difficile de le faire étant donné la nature anonyme de l'Internet. Toutefois, les règles de Wikipédia stipule que tous les faits mentionnées dans un article doivent être vérifiés et vérifiables en plus d'adopter un point de vue neutre sur le sujet.
Ce culte de l'amateur entre en compétition avec les grands médias, selon Keen, car certains vidéos publiés sur YouTube par des amateurs sont aussi sinon meilleurs que ceux des professionnels. Qui plus est, puisque l'Internet est anonyme de nature, il est difficile de savoir qui a réellement créé l'information (vidéo, blogue, etc.). Il recense plusieurs cas de blogues et de vidéos qui promouvaient certains produits ou idées sans toutefois mentionner les liens commerciaux entre l'auteur de l'information et la compagnie qui vend le produit ou le service. Cet anonymat devrait forcer l'auditeur ou le lecteur à avoir un regard critique sur tout ce qui vient du Web 2.0.
Une grande différence entre les deux médias, amateur et professionnel, est la responsabilité des derniers, toujours selon Keen. Les journalistes qui publient dans les médias traditionnels ont un code d'éthique à suivre et son responsable des informations qu'ils publient. S'ils publient des faussetés, ils peuvent être poursuivis. Cette éthique et cette responsabilité juridique forcent les journalistes à vérifier et poser un regard critique sur l'information qu'ils obtiennent. Les blogueurs (dont je fais partie) et autres participants du web 2.0, quant à eux, n'ont pas cette responsabilité juridique envers la société. Les blogueurs ont bien la responsabilité morale, pour ce que ça vaut.
Comment tout ceci est relié-il au monde de l'Éducation ? Avant d'intégrer les outils du Web 2.0 dans notre salle de classe, il est important de savoir s'en servir et de faire réfléchir les élèves sur l'utilisation de ceux-ci. Il faut les éduquer sur l'utilisation de l'information retrouvée sur Internet, car la plupart, toujours selon Keen, ne sont pas capables de poser un regard critique sur celle-ci. Je crois que le Web 2.0 déborde d'outils qui ont un potentiel pédagogique énorme. L'important pour un enseignant est de comprendre que ces outils sont des moyens d'apprentissages et non la fin de l'apprentissage. Il faut mettre l'élève en situation d'apprentissage de sorte qu'il puisse utiliser ces outils pour construire ses savoirs comme on utilise un marteau pour construire une maison. L'objectif d'utiliser un marteau n'est pas d'apprendre à clouer, mais plutôt de permettre la construction d'un objet. L'outil doit permettre à l'élève de développer ses savoirs, non pas à développer ses connaissances de l'outil (qui sont toutefois préalable à la création des savoirs).
Cette égalité, qui est la pierre angulaire de Wikipédia (contrairement à Citizendium), ne devrait probablement pas être. À la limite, je considère que cette égalité peut être comparée à donner un poids égal à une recommandation d'un médecin et d'un voisin. Malgré que l'opinion de votre voisin peut-être réfléchi, et valable, celle du médecin est (on l'espère!) est fondé sur des années d'études du sujet en question. Or, il est important de faire la différence entre l'avis d'un novice et d'un expert. Cependant, il est difficile de le faire étant donné la nature anonyme de l'Internet. Toutefois, les règles de Wikipédia stipule que tous les faits mentionnées dans un article doivent être vérifiés et vérifiables en plus d'adopter un point de vue neutre sur le sujet.
Ce culte de l'amateur entre en compétition avec les grands médias, selon Keen, car certains vidéos publiés sur YouTube par des amateurs sont aussi sinon meilleurs que ceux des professionnels. Qui plus est, puisque l'Internet est anonyme de nature, il est difficile de savoir qui a réellement créé l'information (vidéo, blogue, etc.). Il recense plusieurs cas de blogues et de vidéos qui promouvaient certains produits ou idées sans toutefois mentionner les liens commerciaux entre l'auteur de l'information et la compagnie qui vend le produit ou le service. Cet anonymat devrait forcer l'auditeur ou le lecteur à avoir un regard critique sur tout ce qui vient du Web 2.0.
Une grande différence entre les deux médias, amateur et professionnel, est la responsabilité des derniers, toujours selon Keen. Les journalistes qui publient dans les médias traditionnels ont un code d'éthique à suivre et son responsable des informations qu'ils publient. S'ils publient des faussetés, ils peuvent être poursuivis. Cette éthique et cette responsabilité juridique forcent les journalistes à vérifier et poser un regard critique sur l'information qu'ils obtiennent. Les blogueurs (dont je fais partie) et autres participants du web 2.0, quant à eux, n'ont pas cette responsabilité juridique envers la société. Les blogueurs ont bien la responsabilité morale, pour ce que ça vaut.
Comment tout ceci est relié-il au monde de l'Éducation ? Avant d'intégrer les outils du Web 2.0 dans notre salle de classe, il est important de savoir s'en servir et de faire réfléchir les élèves sur l'utilisation de ceux-ci. Il faut les éduquer sur l'utilisation de l'information retrouvée sur Internet, car la plupart, toujours selon Keen, ne sont pas capables de poser un regard critique sur celle-ci. Je crois que le Web 2.0 déborde d'outils qui ont un potentiel pédagogique énorme. L'important pour un enseignant est de comprendre que ces outils sont des moyens d'apprentissages et non la fin de l'apprentissage. Il faut mettre l'élève en situation d'apprentissage de sorte qu'il puisse utiliser ces outils pour construire ses savoirs comme on utilise un marteau pour construire une maison. L'objectif d'utiliser un marteau n'est pas d'apprendre à clouer, mais plutôt de permettre la construction d'un objet. L'outil doit permettre à l'élève de développer ses savoirs, non pas à développer ses connaissances de l'outil (qui sont toutefois préalable à la création des savoirs).
mercredi 14 avril 2010
La génération Net
Je suis présentement en train de lire Grown Up Digital de Tapscott pour un atelier que je compte offrir aux étudiants du bac en éducation. À mon avis, tous les enseignants/professeurs/parents, enfin tous ceux qui travaillent avec des élèves devraient lire ce livre, car étant moi-même un natif du numérique (donc né entre 1977 et 1997), j'en apprends beaucoup sur ma génération. Je crée cet atelier dans le but de faire réfléchir les étudiants sur l'intégration des TIC en salle de classe (ou devrais-je dire intégrer la salle de classe avec les TIC?) .
En lisant Tapscott, et d'autres sur le sujet (entres autres, Prensky (Digital Game-Based Learning) et Palfrey et Gasser (Born Digital) ), je me rends compte qu'il ne doit pas être question d'intégration des TIC ou intégration de la salle de classe, mais plutôt de changement de paradigme éducationnel. L'enseignant n'est plus le sage sur la scène (sage-on-the-stage) qui doit remplir les élèves de savoir, mais plutôt un sherpa qui doit les guider dans leur ascension de la montagne des savoirs. Or, il peut être difficile pour un sage de jouer le rôle du sherpa, car l'expérience scolaire du sage a toujours été centrée sur l'enseignant et non sur l'élève.
Étant donné la récente (moins de 20 ans) percée des TIC en éducation, la plupart des enseignants, même ceux tout frais sortis des bancs universitaires n'ont connus que (ou presque exclusivement) des sages sur la scène. Au courant de mes 18 années de scolarité, je n'ai eu qu'un ou deux cours dans le cadre desquels j'étais au centre de l'apprentissage! Étant donné que nous avons tendance à enseigner comme on nous a enseigné, il est normal que plusieurs enseignants aient de la misère à utiliser les TIC de façon optimale si on parle de pédagogie. Si nous voulons que les enseignants utilisent les TIC en salle de classe, il faudrait que les formations qui leur sont offertes (s'ils sont assez chanceux d'en avoir) soient animées par des sherpas et non des sages.
Qui plus est, une des règles de base en communication est d'adapter le message à l'auditoire. Étant donné que l'auditoire scolaire en est un qui parle par messagerie instantanée, par Facebook, par des jeux de rôles en ligne massivement multijoueur (tel City of Heroes, World of Warcraft), ne devrions-nous pas adapter l'école afin d'utiliser ces outils?
En lisant Tapscott, et d'autres sur le sujet (entres autres, Prensky (Digital Game-Based Learning) et Palfrey et Gasser (Born Digital) ), je me rends compte qu'il ne doit pas être question d'intégration des TIC ou intégration de la salle de classe, mais plutôt de changement de paradigme éducationnel. L'enseignant n'est plus le sage sur la scène (sage-on-the-stage) qui doit remplir les élèves de savoir, mais plutôt un sherpa qui doit les guider dans leur ascension de la montagne des savoirs. Or, il peut être difficile pour un sage de jouer le rôle du sherpa, car l'expérience scolaire du sage a toujours été centrée sur l'enseignant et non sur l'élève.
Étant donné la récente (moins de 20 ans) percée des TIC en éducation, la plupart des enseignants, même ceux tout frais sortis des bancs universitaires n'ont connus que (ou presque exclusivement) des sages sur la scène. Au courant de mes 18 années de scolarité, je n'ai eu qu'un ou deux cours dans le cadre desquels j'étais au centre de l'apprentissage! Étant donné que nous avons tendance à enseigner comme on nous a enseigné, il est normal que plusieurs enseignants aient de la misère à utiliser les TIC de façon optimale si on parle de pédagogie. Si nous voulons que les enseignants utilisent les TIC en salle de classe, il faudrait que les formations qui leur sont offertes (s'ils sont assez chanceux d'en avoir) soient animées par des sherpas et non des sages.
Qui plus est, une des règles de base en communication est d'adapter le message à l'auditoire. Étant donné que l'auditoire scolaire en est un qui parle par messagerie instantanée, par Facebook, par des jeux de rôles en ligne massivement multijoueur (tel City of Heroes, World of Warcraft), ne devrions-nous pas adapter l'école afin d'utiliser ces outils?
mardi 13 avril 2010
Cogitations sur l'éducation
Bienvenue dans mes pensées!
Depuis quelques temps déjà, je songe à créer mon propre blogue. Voilà c'est fait.
J'ai créé ce blogue afin de réfléchir le monde de l'éducation, avec un accent sur l'utilisation pédagogique des TIC. Au fil de mes expériences en tant que conseiller en ressources éducatives - multimédias dans une Faculté d'Éducation (d'une université près de chez vous!), mon travail consiste à conseiller (évidemment!) les étudiants-maîtres et les professeurs de la Faculté sur l'utilisation des TIC en salle de classe au travers d'ateliers et de conseils ponctuels. C'est justement suite aux multiples lectures de blogue sur le monde de l'éducation et des TIC que je plonge dans cet univers scriptural virtuel.
J'envisage que ce blogue me permettra d'approfondir mes réflexions, ou du moins me forcera à les préciser, car il est souvent plus difficile d'écrire que de parler. Je compte cogiter sur plusieurs sujets mais principalement sur l'éducation.
J'espère que les commentaires nous permettrons de dialoguer (et non pas de disctuer), afin d'améliorer ma compréhension (et celle de ceux et celles qui liront mon blogue) du monde de l'éducation et de l'utilisation des TIC.
Depuis quelques temps déjà, je songe à créer mon propre blogue. Voilà c'est fait.
J'ai créé ce blogue afin de réfléchir le monde de l'éducation, avec un accent sur l'utilisation pédagogique des TIC. Au fil de mes expériences en tant que conseiller en ressources éducatives - multimédias dans une Faculté d'Éducation (d'une université près de chez vous!), mon travail consiste à conseiller (évidemment!) les étudiants-maîtres et les professeurs de la Faculté sur l'utilisation des TIC en salle de classe au travers d'ateliers et de conseils ponctuels. C'est justement suite aux multiples lectures de blogue sur le monde de l'éducation et des TIC que je plonge dans cet univers scriptural virtuel.
J'envisage que ce blogue me permettra d'approfondir mes réflexions, ou du moins me forcera à les préciser, car il est souvent plus difficile d'écrire que de parler. Je compte cogiter sur plusieurs sujets mais principalement sur l'éducation.
J'espère que les commentaires nous permettrons de dialoguer (et non pas de disctuer), afin d'améliorer ma compréhension (et celle de ceux et celles qui liront mon blogue) du monde de l'éducation et de l'utilisation des TIC.
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